La victime à préféré rester anonyme. Nous avons modifié certains détails de l’histoire afin de de préserver son anonymat. Toutefois les faits sont fidèles à son témoignage. Les faits datent de l’automne 2013.
Samedi soir, je vais au restaurant avec mes beaux parents. Ma compagne décide de rentrer par après. Moi je décide de sortir pour boire encore un verre avec des potes. On va dans une boite sur l’avenue louise. On boit deux verres de Vodka (une bouteille à cinq).Au moment de rentrer, mon ami veut me redéposer en voiture. Je lui dis non car il a bu. Je vais rentrer en métro de Louise à Botanique.
J’ai un ami qui a un café dans une des rues près de la rue d’Aerschot. Je veux aller boire un dernier verre chez lui, mais le Café est fermé. Le café est dans le bas de Schaerbeek, je passe donc par la rue d’Aerschot, comme je le fais d’habitude, pour rentrer chez moi.
Je sympathise avec un mec près d’un night shop. J’étais de très bonne humeur. J’ai même appelé ma femme qui m’a fait remarquer que j’étais de très bonne humeur. Il suffirait de vérifier les vidéos du night shop. J’étais pas amoché et absolument pas énervé.
Là on marche un peu. On croise une patrouille. Ils nous interpellent :
– « vous ne pouvez pas consommer d’alcool sur la voie publique ». (Je bois une cannette de wisky)
Un peu étonné, je fais un geste « santé » à l’agent. Il me parle, donc je m’approche de la voiture. Du coup, ils sortent. Ils ont l’air très nerveux. Je recule en lui disant que je vais vider ma cannette. Ils me disent que c’est trop tard :
– « viens avec nous petit con ».
Il me font clés de bras et me propulsent le visage en avant contre une façade. Je suis complètement sonné et surpris. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Ils m’embarquent dans la voiture.
Dans la voiture, ils me fouillent et prennent ma carte d’identité. Je leur dis que je suis orphelin de père. La tout d’un coup, les policiers me parlent de ma mère. Je suis un peu surpris, je ne l’ai plus vue depuis 15 ans. Ils me disent qu’ils la connaissent, me donnent son nom. Ils l’insultent, me disent que c’est une « grosse pute »… Je suis un enfant des homes, je me suis débrouillé tout seul. Je ne me laisse pas impressionner et je lui dis :
– « ah bon tu savais pas ? ».
Là sans avertissement. L’agent se retourne et me met un coup de poing dans le plexus. Apres les coups pleuvent de partout. Je suis dans la voiture et menotté dans le dos, je peux rien faire sauf attendre que ça s’arrête. Ils m’amènent de force à l’hôpital.
Une fois arrivé à l’hôpital, je suis assez énervé, vu les coups que j’ai reçu. Je veux pas qu’on me soigne, je veux pas qu’on cache mes blessures. Du coup, on me force à faire une prise de sang. Apres ils reviennent avec une piqure. Je ne sais pas ce que c’est, je veux pas qu’on m’injecte quelque chose. L’agent me fait une nouvelle clés de bras pour me forcer à recevoir l’injection.
Je comprends pas ce qui m’arrive, c’est comme un cauchemar. Tout ca pour une cannette. J’ai déjà fait des bêtises dans le passé et je les ai toujours assumé. Je n’arrête pas de leur dire :
– « mais j’ai rien fait, j’ai rien fait ».
Quand l’infirmière sort de la salle, les policiers m’insultent et m’intimident. Ils cherchent à m’énerver pour que quand l’infirmière revienne, je sois bien nerveux. Je supplie les infirmières et les médecins de ne pas les laisser m’emmener :
– « vous voyez bien dans quel état il m’ont mis ».
Je suis en chemise, elle est à moitié arrachée. Le personnel soignant me regarde comme si j’étais fou. Les seuls qui ont l’air de comprendre ce que je vis, c’est le personnel de nettoyage. Je vois dans leur regard que « dans les quartiers, on connait ce que tu vis ».
Comment c’est possible que dans un hôpital, on voit quelqu’un de tellement paniqué et qu’on intervient pas. J’aurais franchement préféré qu’ils me mettent en psychiatrie plutôt que de me laisser repartir avec ces deux fous. Je crie en demandant qu’on ne me laisse pas avec ces fous et eux me tirent dans la voiture.
Dans la voiture, celui qui est assis à coté de moi continue à me frapper. Je leur dis :
– « vous avez raison, je suis un con, une pute…»
Ils m’emmènent à Madou au commissariat. Je suis assez agité, du coup, ils ramènent des collègues et un gradé. Ils expliquent que c’est parce que je suis agité pour essayer de justifier les coups. Moi , j’essaye de parler aux autres agents :
– « je suis un citoyen, j’ai rien fait. Pourquoi vous laisser faire ca »
L’officier ne me regarde même pas et m’envoie en cellule. Ils ne se sont pas intéressés par ce qui s’est passé. J’hallucine. Je suis en colère. Je les menace de contacter la presse et de raconter tout ce qu’ils m’ont fait. Ils sont à sept ou huit autour de moi à se moquer et à m’insulter. Il y a quand même un agent qui se comporte de façon humaine et respectueuse avec moi ; il me rassure et me calme. Je lui suis reconnaissant et le traite avec respect en retour. il va me chercher une boisson. Je lui dis merci.
Les deux agents m’accompagnent au cachot en me disant que je vais rester 48h en cellule. Je rentre dans la cellule.
– Le policier me dit :« à poil »,
– « ah tu vas me faire des flexions. »
Je trouve ca dégradant, tu bois une cannette et tu te retrouves à poil. Du coup, je lui fais bien voir et je lui demande s’il aime ça.
Une fois seul dans la cellule, j’essaie de comprendre ce qui m’arrive. Je suis complètement halluciné en cellule, c’est un truc de fou. Je suis tellement en colère, je frappe sur la porte, … je n’en reviens pas… tout ca pour une cannette.
Je veux voir un médecin. Je mets mon t-shirt sur la caméra pour qu’ils viennent en cellule. Ils me disent que j’ai pas voulu à l’hôpital et donc tant pis. J’ai une énorme boule sur le poignet à cause des menottes. Je vois trouble parce que mon œil est gonflé. J’ai des bleus énormes sur le torse. On voit les doigts du policier sur mes biceps. Je toujours fais beaucoup de sport. J’ai déjà fait de grosses chutes et pris de coups, mais j’ai rarement eu des blessures comme ca !
Sept heures plus tard, le dimanche après –midi, je suis entendu par une inspectrice. Je lui raconte ce qui s’est passé. Je trouve que dans son PV, elle sélectionne des morceaux de l’histoire, pour mieux m’incriminer. Je lui dis que je ne veux pas signer ce document, qu’il manque des éléments. Elle me dit que c’est pas grave. Par exemple, lorsque je lui explique que j’ai fait « santé », elle écrit « a fait un geste vers les agents avec la canette». On peut interpréter cette phrase comme on veut. Elle me dit que si je ne signe pas, je retourne en cellule.
Pendant l’interview une agente de l’accueil passe sa tête dans le bureau. Je lui dit que je la reconnais de la nuit (elle me fusille du regard) et elle me dit que je suis un frustré. J’en peux plus, même sept heures plus tard ca continue. Je veux sortir de ce cauchemar, quitter cette maison de fous et donc je signe. Je ne peux pas rester là plus longtemps.
C’est tellement surréaliste que j’ai du mal à me souvenir de tout ce qui s’est passé dans le commissariat. Il me fallu plus de 24h pour reprendre mes esprit. Ce n’est que lundi soir que j’arriverai à nouveau à manger tellement j’étais choqué. J’ai pas su manger jusque au lundi soir tellement je suis choqué. Je recommence à fumer, c’est réellement un choc de voir des policiers se comporter comme ca. Y a pas de mots pour décrire comment on se sent, on se demande comment c’est possible que ces gens sont sensés représenter la loi et sont responsables de la protection des gens.
Quand j’ai voulu porter plainte, j’ai été confronté à un mur heureusement que des amis m’ont soutenu. Et que j’ai pu savoir comment porter plainte et me faire entendre. J’ai pris un avocat.
Lorsque j’ai appelé le comité P, ils m’ont dit de télécharger le formulaire. Quand j’ai essayé, ça ne fonctionnait pas. Ils m’ont dit de venir ou d’aller dans un autre commissariat de quartier. En me disant que de toute façon ca prendrait des semaines. Bref, ils n’avaient franchement pas envie de m’aider. J’ai donc été dans mon commissariat de quartier. Ils m’ont fixé un rendez-vous au contrôle interne.
Mais la folie ne s’est pas arrêtée ce soir là. Je me retrouve aujourd’hui accusé plutôt que victime : je suis accusé de rébellion et de menaces (je les ai menacé de passer sur RTL-TVI et dans la DH). Non seulement je passe de la position de victime à celle de présumé coupable, mais en plus la police me convoque dans le même commissariat. Il était évidemment hors de question de remettre les pieds là-bas. Lorsque j’ai été entendu par le contrôle interne de la police, j’ai demandé à être entendu ailleurs. Ils n’ont jamais donné suite alors qu’ils avaient promis de m’appeler. Mon avocat a donc exigé à ce que je sois entendu ailleurs. J’attend des nouvelles depuis.
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