Campagne STOP-répression (JOC)
4, rue d’Anderlecht
1000 Bruxelles
stop.repression.be@gmail.com
Mme Joëlle Milquet
Ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances
2, rue de la Loi – 1000 Bruxelles
Madame la ministre de l’intérieur,
Madame Milquet,
Nous souhaitons, par la présente, vous exprimer notre plus vive opposition à vos choix politiques en matière de sécurité. En effet, vos choix actuels s’inscrivent dans la droite ligne des politiques menées depuis de nombreuses années. Nous ne pouvons que dénoncer le recours à cette vision répressive qui a démontré en Belgique et ailleurs qu’elle est non seulement inefficace mais contreproductive.
Depuis votre entrée en fonction, vous n’avez cessé de mettre en place une politique de sécurité répressive. Ainsi au premier coup de semonce, vous avez plié devant les lobbys policiers sans un mot, une oreille ou un regard pour le monde associatif, juridique et scientifique pourtant mobilisés en nombre sur la question. Vous préférez une politique dépassée basée uniquement sur la répression et qui voit la sécurité comme une thématique indépendante. La société harmonieuse demandée par le citoyen ne peut pourtant venir que d’une vision transversale où la sécurité est l’objectif et non l’instrument.
Nous militants, jeunes, étudiants, activistes et habitants des quartiers vivons la réalité de vos choix au jour le jour. Loin de pacifier les relations sociales, ils alimentent le cycle de la violence et de l’exclusion. Que ce soit dans nos activités militantes ou simplement dans la vie de nos quartiers, la réalité concrète de notre quotidien est que le tout sécuritaire est non seulement inefficace mais surtout contreproductif.
Ainsi, malgré un nombre de policiers par habitant particulièrement important, la Belgique n’est pas plus sure qu’ailleurs. Plutôt que de s’accrocher au tout sécuritaire, manifestement inefficace, il est plus que temps de se poser les vraies questions et de les affronter. L’absence de transparence et d’indépendance des organes de contrôle de la police est d’ailleurs dénoncée par l’ONU elle-même. Notre système judiciaire quant-à-lui est au bord de l’implosion. Le code pénal date de 1867 et est l’un des plus vieux du continent européen. Pleines à craquer de prisonniers, souvent en garde à vue, nos prisons font, vu leur état, plutôt office d’université des pauvres. Bref, vu l’état général d’un système dont on doit par ailleurs encore discuter la pertinence, il n’est en rien étonnant que le citoyen s’inquiète de sa sécurité.
Pourtant, Madame Milquet, lorsqu’on vous entend, ces questions ne semblent pas au centre de vos inquiétudes, elle sont trop éloignées du quotidien de vos électeurs sans doute. De Matongé à la mort tragique de cet agent de la STIB, votre réponse reste invariablement celle de la punition, de la répression et en bout de course de la violence. En d’autres mots, puisque les politiques mises en œuvre depuis 20 ans ne fonctionnent pas, faisons la même chose mais en plus violent. Et ces derniers mois, saisissant au bond une actualité pourtant complexe, vous avez franchi un pas supplémentaire. « Radicalité, sexisme et violence contre les policiers, … » pour vous une seule solution : la répression administrative.
Madame la ministre, nous ne voulons pas croire que ce soit la voie que la société ait choisie. Il existe une différence entre demande de sécurité et politique sécuritaire que vous semblez ne pas vouloir tenir compte. Puisque la justice est enrouée, que la société s’enfonce dans la précarité et donc dans la violence, et que votre police s’est mis à dos les quartiers qu’elle est sensée protéger, vous décidez de suspendre la division des pouvoirs et finalement la base d’une justice démocratique? La sanction administrative, que ce soit pour une amende pour incivilité ou pour le démantèlement d’un groupement « ayant pour but le changement de la société » (vous pouvez nous arrêter tout de suite), est celle du tribunal d’exception et de l’arbitraire. Non, nous ne pouvons pas, ne voulons pas y croire.
Mais puisque lesdites sanctions s’appliqueront à des enfants de 14 ans et que la police dispose désormais du pouvoir discrétionnaire d’être témoin, juge et partie, veuillez prendre note que par la présente, la campagne Stop-répression de la JOC appelle tous et toutes à ne payer aucune de ces amendes puisqu’elles sont par définition contraires à la démocratie même et donc injustes. Nos militants et notre organisation refuseront catégoriquement de payer le moindre cent, quelque soit « l’infraction » commise. Quelque soit le contenu que l’on donne au mot « justice », il ne peut exister sans le respect des droits de tous.
Vous l’avez compris, Madame la Ministre, nous ne pouvons souscrire à votre vision que ce soit sur le contrôle démocratique de vos forces de police, sur le recours systématique à la sanction administrative que vous semblez préconiser et sur la vision générale de la sécurité que les corporations policières vous ont, semble-t-il, soufflé.
Dans l’espoir que votre porte, si grande ouverte aux forces de police, ne soit pas close à l’expression du reste de la société, nous vous prions, Madame la ministre, d’accepter l’expression de nos salutations les plus sincères,
Campagne STOP-répression de la JOC
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