1. La peur des étrangers

En période de crise, tous les travailleurs prennent peur. Ils ont peur de perdre leur emploi, leur acquis sociaux et leur niveau de vie.

Face à cette perte de statut, deux réflexes sont visibles dans la société. Le regroupement avec ceux qui comme nous voient leurs vies menacées par la crise ou au contraire celui du bouc-émissaire. L’étranger, le chômeur et finalement le pauvre sont des cibles idéales. Plutôt que de questionner les rouages fondamentaux de notre société (inégalités, mondialisation, finance,…), on s’en prend à d’autres victimes. Se faisant on se coupe des vraies solutions à la crise économique, sociale et écologique à laquelle nous faisons face aujourd’hui.

Tout d’abord, il faut  objectiver les choses: nous ne sommes pas envahis par les étrangers: seulement 9,7% de la population belge est d’origine étrangère, la majorité étant d’origine européenne ! [1]

En ce qui concerne la perception d’allocations de chômage il faut savoir qu’en 2000 la Belgique comptait 63 773 chômeurs n’ayant pas la nationalité belge sur un total de 368, 785 chômeurs.[2] Cela n’est donc pas énorme mais il est vrai que les étrangers représentent une partie assez conséquente des chômeurs.

Plusieurs facteurs expliquent le chômage chez les personnes issues de l’immigration[3] :

  •  Malgré la loi de 1981 punissant tout acte de racisme, on constate malheureusement encore trop de discrimination à l’embauche chez les personnes d’origine étrangères.
  •  La crise économique (fermetures d’usines, délocalisations) a fortement touché les secteurs occupés par une majorité d’immigrés, ceux de la première génération. Ceux que l’on avait fait venir gracieusement pour  occuper les emplois délaissés par les belges.
  •  Les générations suivantes et les nouveaux arrivants ne disposent pas toujours des qualifications requises pour répondre aux exigences accrues des employeurs. Le chômage touche surtout les personnes peu scolarisées. Or la plupart des travailleurs immigrés arrivés  dans les années 60 avaient un niveau d’étude peu élevé et l’école belge a tendance à orienter les élèves qui éprouvent des difficultés vers les filières professionnelles  plutôt que de privilégier ceux qui sont les plus aptes.

2. Immigration et décrochage scolaire

Plusieurs études démontrent ces dernières années, le fossé grandissant entre les élèves d’origine étrangère et les autochtones, entre les élèves issus de familles défavorisées et ceux de milieux plus aisés. Une publication de la fondation Roi Baudouin[4] montre que les élèves issus de l’immigration affichent des performances très inférieures à celles des élèves autochtones. On remarque également ce phénomène en ce  qui concerne l’enseignement supérieur : la proportion de jeunes issus de quartiers à forte population immigrée qui poursuivent leurs études au-delà de l’obligation scolaire dépasse rarement les 15% par quartier. Alors que la proportion la plus élevée d’étudiants très instruits se retrouve dans la partie de Bruxelles où la population belge de souche (ou blanche) est surreprésentée.[5]

Ces faibles performances scolaires et le peu de représentativité dans les écoles supérieures ne peuvent être expliqués que par la seule origine ethnique : le facteur déterminant pour comprendre les différences entre les jeunes blancs et non blancs doit plutôt être recherché du côté des conditions socio-économiques de leurs familles respectives. Ainsi: «le fait d’être issu de l’immigration peut avoir un impact sensible sur la performance des élèves. […] cette différence n’est, dans une certaine mesure, que le simple reflet de la variation du milieu socio-économique. En effet, dans la moitié des pays considérés, cette différence n’est plus significative après le contrôle de la variable ‘’milieu socio-économique des élèves».[6]

«L’enfant influencé par son milieu a tendance à suivre un parcours semblable à celui de ses parents» nous dit Bourdieu. Les jeunes, qu’importe leur origine, s’ils sont issus d’un milieu défavorisé, connaissent plus souvent le décrochage et l’échec scolaire.  Selon Bourdieu, quatre facteurs influencent la réussite scolaire: le niveau de formation scolaire des parents, le métier des parents, la pratique de la langue française à la maison et la période depuis laquelle la famille est en Belgique.

Une autre étude, menée par la Fondation Roi Baudouin[7] le confirme: plus le niveau social des parents s’élève, plus les scores réalisés au test sont élevés. Il en résulte «un cercle vicieux qui mène de la précarité sociale à l’échec scolaire et de l’échec scolaire à la précarité sociale»[8]

Les enseignants ont aussi souvent tendance à réorienter les uns  dans le professionnel et à proposer de suivre des cours particuliers payants aux autres. Ainsi, l’école ne parvient pas à  assurer la réussite de tous, reproduisant les inégalités sociales[9].

3. Déconstruction du mythe: « il y a plus de personnes d’origine étrangère dans les prisons, ils commettent donc plus de délits».

Les chiffres témoignent d’une plus grande proportion de personnes d’origine étrangère dans les prisons. Sur dix mille prisonniers belges, 42% sont d’origine étrangère et ces chiffres sont en augmentation.

Entre 1990 et 2000, la part de détenus belges a augmenté de 34%, celle des Marocains de 108% et celle des Turcs de  140%.

On pourrait donc facilement en déduire que les étrangers sont plus propices à commettre des délits ou des actes de délinquance. Les personnes d’origine turque ou marocaine seraient donc porteuses d’un gène les prédestinant à la criminalité ? Bien sûr que non.

Tout d’abord, il faut savoir que ces chiffres recouvrent des délits très différents. Les détenus belges sont surreprésentés pour les affaires de viols et de crime de sang. Les détenus d’origine marocaine et turque pour les vols.

Trois facteurs expliquent cette sur-représentativité :

L’origine sociale

La Fondation Roi Baudouin (FRB) a chargé le Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations (CEDEM, Université de Liège) et l’Unité de Recherche ‘Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad’ (OASeS, Université d’Anvers) de réaliser une recherche sur la pauvreté au sein de la population étrangère. [10] Il ressort clairement de cette étude que les personnes d’origine marocaine ou turque sont très exposées au risque de pauvreté : environ la moitié d’entre elles ont des revenus insuffisants. Il est intéressant de remarquer que toutes les autres catégories de personnes qui ne sont pas d’origine belge courent aussi un plus grand risque de pauvreté.

Et comme nous l’avons vu avec Bourdieu les jeunes issus d’un milieu défavorisé sont plus propices à tomber dans le décrochage scolaire et la délinquance qui en découle. C’est donc encore une fois l’origine sociale qui est à prendre en considération et non l’origine ethnique! Marc d’Hooghe montre ainsi que le chômage est une variable bien plus pertinente que l’origine quant à l’explication des statistiques de criminalité.[11]

Contrôle policier plus ciblé.

Les jeunes en décrochage scolaire, issus d’un milieu défavorisés, on tendance  à se réunir dans les rues de leur quartier pour passer le temps à défaut de pouvoir payer pour faire autres choses ou d’avoir une grande maison avec un jardin pour accueillir ses amis. Cela renvoie à une plus grande visibilité.

Une enquête réalisée à Bruxelles-ville[12] montre que la police contrôle plus les quartiers à forte population immigrée. Ils ne sont pas contrôlés parce qu’ils ont commis une infraction mais parce qu’ils sont susceptibles d’en commettre une: «le délit de sale gueule» et parce qu’ils sont à la portée de la patrouille de police. Or si on se fait plus contrôler, on a aussi plus de chance de se faire pincer. A titre d’exemple, un jeune homme belge, bien habillé,  possédant de la drogue sur lui aura très peu de chance de se faire contrôler.

Cette sélectivité fait apparaître la criminalisation dont sont victimes les jeunes défavorisés et en particulier ceux qui sont issu de l’immigration.

Plus sévèrement punis devant la justice.

Le plus grand ciblage dont ils sont victimes donne plus souvent lieux à des poursuites, la détention préventive leur est plus souvent appliquée, la procédure accélérée est plus souvent utilisée, les peines de prisons sont plus fréquentes  que les mesures alternatives, qu’ils bénéficient moins souvent de liberté conditionnelle etc.

En matière de drogue, les belges sont placés en détention préventive dans 42,9% des cas contre 62,9% des cas pour les jeunes d’origine marocaine. De manière plus générale, dans la plupart des chefs d’inculpation (coups et blessures volontaires, vols, escroquerie, le temps de détention des étrangers est le double de celui des belges![13]

Selon les criminologues, deux éléments «jouent en  faveur» d’une présence importante d’étrangers en prisons: ils sont d’avantage placés en détention préventives car ils offrent moins de garanties de présentations devant les autorités judiciaires lors de l’instruction. Ils bénéficient aussi moins souvent que les belges d’une libération conditionnelle car ils sont moins propices à remplir les exigences qui y sont associées: travailler, rester au domicile etc.

Selon Christophe Leys, assistant à l’unité de psychologie sociale à l’ULB, le fait qu’une majorité de détenus en Belgique soit d’origine étrangère s’explique aussi par le fait que l’expression de la culpabilité n’est pas la même dans toutes les cultures. Cela serait selon lui, un facteur de discrimination devant la justice.

4. Mauvais traitements des sans-papiers 

La police a recours à la politique du faciès lors de ses interpellations : contrôlant d’avantage les personnes d’origines étrangères nous l’avons vu. Leur penchant raciste se traduit également par le traitement qu’ils infligent aux personnes ne possédant pas de papiers. En effet, ces derniers sont beaucoup moins à même de défendre leur droit (barrière de la langue, mauvaise connaissance du droit belge etc.), la police le sait et ne se gêne pas pour en profiter. La rafle du 4 juillet 2006, où 26 sans-papiers avaient été humiliés, injuriés et brutalisés par la police qui les avait expulsés d’une église qu’ils occupaient à Anderlecht en est une belle illustration.

Six ans après les faits, la chambre du conseil de Bruxelles a rendu, début novembre une ordonnance qui met en cause le travail du parquet ( sources : http://www.rtbf.be/info/regions/detail_le-parquet-de-bruxelles-couvre-t-il-une-bavure-policiere?id=7607473 et  http://archives.lesoir.be/declarations-de-victimes-temoins-independants-constats-_t-20120218-01U50E.html ) dans laquelle on apprend  qu’une plainte collective avait été déposée 6 jours après les faits mais qu’il a fallu attendre des années pour que certains éléments comme les photos des policiers concernés soient versés au dossier, que la police elle-même a filmé l’expulsion et le transfert des sans-papiers mais il y a des coupures brutales dans le film à certains moments. Auditionnés, les policiers déclareront tous, sans exception, la même chose, une leçon trop bien apprise » dira la procureur qui parle aussi d’ « esprit de corps » et de « cécité ». Tout cela fait dire à la chambre du conseil que ces défauts, anomalies inexplicables, sont « susceptibles de nourrir les hypothèses les plus dangereuses ».

Ces agissements sont extrêmement courants lors des rafles de sans-papiers menées par la police. Chaque rafle est synonymes de traitements dégradant mais souvent les personnes ne portent pas plainte (parce qu’elles ne savent pas comment faire) où le comité P classe l’affaire sans suite pour manques d’éléments. Dans ce cas-ci, il y avait sans doute des preuves irréfutables mais cela n’empêcher pas le parquet de vouloir étouffer l’affaire pour qui « il est impossible d’identifier les policiers impliqués ». Ce que contredit la chambre du conseil dans son ordonnance en déclarant que  les éléments du dossier permettent bien d’identifier les policiers impliqués. D’ailleurs les parties civiles ainsi que le procureur général ont déjà pointé une liste de noms. Le comité P, la police des polices, a également rendu un rapport sur cette affaire. Elle évoque des traitements inhumains et dégradants.

Reste à voir, maintenant, ce qu’en fera le parquet. C’est toujours lui qui a les cartes en mains. Le soir a sollicité sa réaction, jusqu’ici sans réponse…

5. Lien en l’extrême droite et les appareils de l’état/la police.

1. Des membres de le Police dans des mouvements d’extrême droite ?

Plusieurs organisations d’extrême droite néofascistes comptaient des membres de la police en leur sein dont certaines ont été citées dans le cadre des affaires sur «les années de Plombs»[14].

–          Le Centre politique des indépendant et cadres chrétiens (CEPIC): l’aile ultra droite du PSC. Active de 1972 à 1982, cette  mouvance extrémiste a été soupçonnée d’être manœuvrée par les services secrets  Nord-Américains.

–          Le Front de la Jeunesse (FJ) : mouvement de jeunes nationalistes né en 1974 sous le nom de Front universitaire Liégeois. Il s’était donné comme but de «combattre la dictature marxiste dans l’enseignement». Grâce au financement du Nouvel Europe Magasine (NEM ) et à l’appui d’une poignée d’étudiants de l’ULB et de l’UCL, le FJ vu le jour. Le Front de la jeunesse servait surtout de groupe d’action à plusieurs dirigeants du CEPIC. Une 10aine de gendarmes militaient clandestinement dans ses rangs, ils faisaient partie du «groupe G». Cette  organisation néofasciste est également soupçonnée d’avoir été  manipulées dans les années 80 par des organismes étatiques.

–             Le groupe nazi clandestin Westland new Post (WNP): organisation clandestine connue pour divers complots et différents projets d’élimination dont celle du ministre de la justice de l’époque dont le but était la déstabilisation de notre pays. Issu du Front de la Jeunesse, il bénéficiait d’un réseau d’information important pourvus de tentacules au cœur même de l’appareil de l’état. Il fut notamment  suspecté d’infiltration ou de manipulation au sein de la Sureté de l’état. Il fut également  présent au sein de la gendarmerie (présence d’un groupe clandestin d’extrême droite préparant un coup d’état).  Plusieurs de ces activistes furent cités dans les affaires des tueries du Brabant.

Malgré la présence des forces de l’ordre dans plusieurs dossiers de l’époque, ceux-ci furent renforcés et le pouvoir ferma toujours les yeux sur ces agissements…

2. Une stratégie de la tension?

Durant les années de plombs, la population était terrifiée comme celle de l’Italie 10 ans plus tôt. Certains parlent d’une stratégie de la tension où le but de certaines organisations comme le WNP aurait été d’instaurer un climat de terreurs auprès de la population afin de favoriser l’instauration d’un régime fort, renforçant l’état et les moyens donnés à ses appareils : la police[15].

Les «tueurs du brabant» ou «tueries du brabants», souvent évoquées dans une stratégie de la tension, sont les faits de braquages sanglants, assassinats et vols liés entre eux et qui seraient le fait de bandes organisées. Jusqu’à présents les auteurs de ces crimes n’ont jamais été identifiés par les personnes du pouvoir judiciaire belge. [16]

Différentes pistes ont été envisagées dont celle de la stratégie de la tension.  Cette piste  réside notamment dans le modus operandi des braquages, très professionnels et s’apparentant aux tactiques enseignées dans les milieux militaires, leurs actions  faisaient plus penser à des opérations de commando camouflées qu’a des attaques à main armée classiques. Certains éléments permettent également de penser que les tueurs bénéficiaient d’informations privilégiées ou de complicités au sein des forces de l’ordre. Le journaliste d’investigation Guy Bouten qui a écrit un livre sur «les tueries du Brabant» évoque l’implication de l’extrême droite dans ses massacres, dans le cadre d’une stratégie de la tension.[17] Selon lui, ces tueries visaient bien la déstabilisation de l’état belge. Des organisations d’extrême droite auraient été utilisées pour commettre ses massacres visant à terrifier les populations. Le quotidien le soir en son édition du 4 et 5 octobre 2008 lui avait consacré un article dans lequel on pouvait lire ceci: «Guy Bouten s’efforce de reconstituer un puzzle dont l’extrême droite est une pièce essentielle avec les figures de Paul Latinus, le chef du WNP  »suicidé » en Brabant wallon, d’Eric Lammers, du Front de la jeunesse, et de Jean Bultot »[18].

En 1999, le mensuel «Avancées» appuie cette thèse dans un riche dossier sur les tueries du Brabant réalisé par plusieurs journalistes issus des quotidiens Résistances, Le Soir et le Monde diplomatique mettent aussi  en cause le rôle joué par l’extrême droite dans ces affaires criminelles.

Walter de Bock, du quotidien flamand «De Morgen» parle[19] lui d’une tentative de coup d’état en 1973 et témoigne de l’existence de réseaux clandestins chargés d’organiser des opérations subversives liés au service secret des Etats-Unis, des instances de l’Otan et d’organisations terroristes d’extrême droite. Walter  de Bock s’appuie sur  des éléments lui permettant d’affirmer que ce projet a été planifié dans les coulisses de la politique belge. Parmi ces éléments, une note interne de la BSR (la Brigade de surveillance et de renseignement de l’ex gendarmerie) datée de 1973,  concernant une enquête de la BSR sur la préparation d’un putsch militaire impliquant «certains milieux financiers et des groupements politiques d’extrême droite dans laquelle apparait le nom d’Emile Lecerf au main du «Nouvel Europe magasine» et futur parrain du Front de la jeunesse.

Dans une interview accordée à Résistance, Walter de Bock met un peu de lumière sur la provenance de ces fameux hommes de l’ombre:

«L’essentiel du noyau dur de ce groupe à la base du projet de coup d’Etat, désigné par nos témoins et les documents en notre possession (notamment, une série de rapports confidentiels de différentes sections territoriales de la BSR, à la demande de l’Etat-Major de la gendarmerie) provenaient pour la majorité de la classe politique francophone. Essentiellement de l’aile droite du Parti social-chrétien (PSC). On citait les noms de militaires, de très hauts gradés de la gendarmerie, mais aussi celui d’hommes d’affaires de premier plan. Parmi ces apprentis putschistes se trouvaient des anciens du Congo belge qui n’arrivaient pas accepter la perte de notre colonie africaine. L’anticommunisme, «l’amour de la Patrie» et la peur du fédéralisme formaient le dénominateur commun entre les différentes factions à l’origine de ce projet de déstabilisation(…)»

Selon Walter de Bock, cette mouvance était liée à des services de renseignements  et des organisations internationales anticommunistes. Il souligne également le lien étroit joué par l’extrême droite dans cette stratégie de la tension qui menait une vigoureuse campagne de propagande pour diffuser ses idéaux. Le NEM est ses cercles militants, comme le FJ, servaient de relais médiatique à cette campagne et visait en particulier l’École royale militaire et la légion mobile de la gendarmerie. Beaucoup de membres actifs y seront recrutés!

Plus tard, dans les années 80, d’autres preuves démontrent la tentative de coup d’état politico-militaire comme les auditions de témoins clés devant les commissions parlementaires d’enquête sur les réseaux clandestins militaire «Gladio» de l’OTAN.

L’existence jusqu’au début des années nonante d’un réseau parallèles constitué de militaires d’extrême droite fut encore confirmée.

Très récemment, le 1ier février 2012, dans le cadre de dette affaire, de nouvelles investigations on eut lieux dans la piste de l’extrême  des perquisitions ont été menées chez une 20aines d’habitants soupçonnés  d’avoir eu des liens avec des réseaux l’extrême droite dont deux chez deux anciens fonctionnaire haut placés de la sûreté de l’état. L’ancien n° 1 Albert Gâse et l’ancien n°3 Christian Smets : ayant infiltrés les milieux d’extrême droite dans les années 70, il avait été accusé d’en faire partie avant d’être blanchis par la justice.  Le matériel saisi doit être examiné par les enquêteurs. Il reste 3 ans à la justice pour résoudre cette affaire : en  novembre 2015 les faits seront prescrits (Source : http://www.rtbf.be/info/societe/detail_tueurs-du-brabant-21-perquisitions-menees-enfin-la-bonne-piste?id=7553923 et http://www.rtbf.be/tv/revoir/detail_jt-19h30?uid=104629061668&idshedule=dbf003f07aa0dcfe9705dcfae25efe34&catchupId=12-TIJAP100-044-19-1&serieId=12-TIJAP100-000-19 ).

3. Le cas Demol

Johan Demol  a été nommé commissaire en chef de la police de Schaarbeek au début des années 90, dans une Belgique en état de choc où il a su vite se faire  apprécié de l’opinion publique grâce à son charisme et aux  interventions musclées menées par son corps d’élite. Celles-ci donnèrent en effet des  résultats rapides et impressionnants en matière de criminalités  et trafic de drogue principalement. Il passait aux yeux du grand public pour un flic intègre, soucieux de rendre sa commune plus « sûre ».  Ses pratiques furent toutefois remises en question par certains et firent l’objet d’enquêtes sur des techniques policières illégales.

En 1995, Johan Demol sera critiqué pour avoir accordé une interview au Vlaams Blok, Johan Demol  Son passé politique sera ensuite dévoilé, notamment par le quotidien flamand de Morgen. Celui fréquentait à la fin des années 70, le Front de la Jeunesse. Il commencera par nier les faits et sera soutenu par le Bourgmestre de Schaarbeek de l’époque : Francis Duriau. Il bénéficiera de l’appui d’un comité de soutien essentiellement composé de gendarmes et de militant d’extrême droite dont la tête pensante est Patrik Sessler, élu FN, siégeant par la suite comme indépendant au conseil communal de Schaarbeek. Il finira par avouer un an plus tard qu’il avait fréquenté le FJ suite à des perquisitions menées à la police par le Juge d’instruction : Damien Vandermeesch. Lors de ces perquisitions, sept personnes dont 4 policiers et le commissaire adjoint seront inculpés pour plusieurs délits (faux en écriture, recel, …). Demol se défend en dénonçant un complot mené contre lui. En 1997, le Bourgmestre de Schaarbeek finira par congédier Demol suite à la parution de l’hebdomadaire du PTB « solidaire » relevant des nouvelles preuves irréfutables sur son appartenance au FJ. Une seconde enquête sera ouverte par le comité P  (la police des polices). Le 13 juin 1997, c’est le conseil d’état saisi du dossier notifiera qu’il existait : «  une forte présomption que Demol ait commis des agissements qui compromettent de façon grave la dignité de la fonction. Johan Demol sera révoqué définitivement de la police en janvier 1998. Un mois plus tard, celui-ci rejoindra les rangs du Vlaams Blok au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. [20]

Plusieurs militants qui avaient côtoyé Demol au FJ seront impliqués dans divers faits de types politiques : «  en 1980, un immigré est assassiné dans un café de Laeken par trois membres du Front de la Jeunesse. En 1981, des membres de cette milice privée ainsi que d’anciens gendarmes seront impliqués dans l’incendie de Pour (l’hebdomadaire de gauche) dont Michel Van Hove, ancien gendarme de l’ESI auquel appartenait Johan Demol. [21]

4. Existe-t-il encore des liens entre l’extrême droite de la Police aujourd’hui?

La police reste en tout cas «raciste dans ses interventions», comme nous l’avons vu le délit de faciès est extrêmement courant et les quartiers à forte population immigrée plus souvent  contrôlés,  ce qui amène à «la criminalisation» des personnes d’origine étrangères.

La police n’est pas non plus en reste avec les militants de gauches comme l’actualité récente d’un policier qui fut inculpé et suspendu pour avoir tabassé une jeune fille «indignée» lors d’une action pacifique opérée dans une agence Dexia. Le policier alors en civile et ses complices faisant penser à une milice privée sont intervenus dans la banque et ont bousculés et menottés les jeunes militants présents. Une équipe de police est aussi intervenue sur place. Les policiers ne le savaient pas mais ils étaient filmés et des vidéos montrent clairement qu’un des policiers a jeté un coup de pied dans le visage de la jeune fille alors qu’elle était assise et menottée par terre. L’avocat de Niki, Olivier Stein, a reçu d’autres témoignages de manifestants victimes de violence. « Il ne s’agit pas d’un événement isolé, il y a une attitude générale », estime-t-il. « Les manifestants sont traités préventivement comme des ennemis, ce qui crée une situation de tension. » Ces vidéos permettent de prouver que d’autres policiers  ont été témoins de la scène et n’ont pas réagi, ce qui infirme la thèse d’une bavure policière individuelle. «Il ne s’agit pas d’un cas isolé», c’est en tout cas ce que confirme la ligue des droits de l’homme lors d’une conférence de presse. : « Il y a une tendance de plus en plus perceptible à criminaliser les mouvements sociaux », estime M. Deswaef, qui a rappelé plusieurs cas de violence policière survenus ces dernières années en Belgique, tels que l’expulsion d’Afghans à Ixelles en juin dernier, l’agression d’un ressortissant chilien à un festival à Steenokkerzeel, ou encore les arrestations préventives du camp No Border l’année passée». Les exemples ne manquent pas… Lors de cette conférence de presse le  représentant de la LDH explique avoir lui-même été victime de violences policières lors d’une visite à des sans-papiers au palais de justice de Bruxelles. [22]

Leur penchant pour le nationalisme se fait ressentir jusque dans les vestiaires des casernes d’Etterbeek où est caserné le GIS. C’est ce que montrent des photos[23] sur lesquels on peut voir des «rangées de casiers sur lesquelles les policiers flamands affichent leur flamingantisme quand ce n’est pas carrément le drapeau.» Le GIS  est le Service des Interventions Spécialisée de la police fédérale. Il peut intervenir à tout moment partout dans le pays au nom du «maintien de l’ordre». L’article qui vise à dénoncer «une ambiance conflictuelle entre policiers francophones et néerlandophones dont les francophones se disent victimes: c’est eux qui dévoilent les photos. Ceux-ci déclarent avoir  protesté auprès de leur hiérarchie. Comme résultat: «encore davantage de missions désagréables dévolues au policiers francophones. Tandis que les autres missions qui permettent d’accumuler des heures supplémentaires surpayées vont encore plus systématiquement aux collègues néerlandophones.» C’est à se demander jusqu’où va cette marchandisation idéologique dans la fonction!

En 2006, le nom de Hans De Groote, commissaire adjoint démissionnaire du Comité P est cité dans une affaire de vente illégale d’armes au sein de la police. Il avait déjà été cité dans une affaire  concernant un trafic d’armes  autour du groupe néonazi «Blood and Honour».[24]

Le BBET «Bleod-Bodem-Er en Trouw» est la branche flamande de la mouvance néonazi internationale «Blood and Honour»[25]. 17 de ses membres  dont  11 militaires ont été arrêtés dans le cadre de la loi antiterroriste de 2003 et ensuite inculpés pour détentions d’armes illégales,  trafic d’armes et  suspectés de préparer des attentats visant «la déstabilisation» du pays. [26] «Dix-sept personnes ont été interpellées. Il s’agit « principalement de militaires et de personnes ayant une idéologie d’extrême droite qui, pour certains, s’expriment clairement par le racisme, la xénophobie, le négationnisme, l’antisémitisme et le néonazisme »,  indiquait alors  le parquet fédéral.[27]

Cela rappelle curieusement la stratégie de la tension…

Il est intéressant de constater, comme l’écrit  écrit De Coninck ( De Morgen 04/10) que «la police témoigne de beaucoup moins de zèle dans une histoire de livraison d’armes aux néonazis que lorsqu’il s’agissait de prouver que c’était bien Els Clottemans qui avait fait un nœud de trop dans le parachute d’Els Van Doren». [28]

 


[1]Le Soir : http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2011-08-29/9-7-de-la-population-belge-est-etrangere-859446.php

[2]Santé Conjuguée-Octobre 2005 n°34

[3]LA PAUVRETÉ CHEZ LES PERSONNES D’ORIGINE ÉTRANGÈRE CHIFFRÉE, Rapport partiel de ‘Pauvreté chez les personnes d’origine Etrangère’. Une recherche commanditée par la Fondation Roi Baudouin et réalisée par le Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations et l’Unité de Recherche ‘Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad’ (OASeS, Université d’Anvers).

[4]Synthése du rapport de D. Jacobs, A.  Rea, L. Hanquinet (ULB), Les performances des élèves issus de l’immigration en Belgique selon l’étude PISA, Fondation Roi Baudoin, mars 2007.

[5]Atlas de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale 2006, Observatoire de la Santé et du Social de la Région Bruxelles-Capitale, 2006.

[7]D. Jacobs, A. Rea, C. Teney, L. Callier, S. Lothaire (ULB), L’ascenseur social reste en panne. Les performances des élèves issus de l’immigration en Communanté française et en Communanté flamande, Fondation Roi Baudoin, mai 2009.

[8]A. D’Haeyer, «L’école n’est pas encore faite pour les enfants des familles populaires»

[9]Pierre Bourdieu: «La reproduction»; Edition: Broché; 1 mars 1970.

[10]LA PAUVRETÉ CHEZ LES PERSONNES D’ORIGINE ÉTRANGÈRE CHIFFRÉE, Rapport partiel de ‘Pauvreté chez les personnes d’origine Etrangère’. Une recherche commanditée par la Fondation Roi Baudouin et réalisée par le Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations et l’Unité de Recherche ‘Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad’ (OASeS, Université d’Anvers).

[11]Tuba Bircan and Marc Hooghe, «Immigration, diversity and crime: an analysis of Belgian national crime statistics, 2001-6», European Journal of Criminology , n° 8 (3), 2011, 198 -212 et Marc Hooghe, «Cohésion sociale en Belgique : quelles données, quels indicateurs, quels projets ?», Première conférence méthodologique de l’IWEPS, Beez, 27 novembre 2009.

 [12]De Valkeneer: «Police et public: un rendez-vous manqué?»

 [13]BRION F., La surreprésentation des étrangers en prison : quelques enseignements d’une brève étude de démographie carcérale, in BRION F.

[14] http://www.resistances.be/tueurs2.html  via © RésistanceS.be – web-journal de l’Observatoire belge de l’extrême droite – www.resistances.be – info@resistances.be – Actualisé juin 2009

[20] « RésistanceS », n°6, printemps 1999, pp. 19-21